Ne pas détourner les yeux

 

La première famine climatique touche, à Madagascar, des populations qui ne polluent pas…

Grosse claque hier soir… En cette journée mondiale de lutte contre les violences faites aux femmes, l’actu ne laissait pas de répit… Lorsque j’apprends la mise en examen de Juan Branco, je pense aux Gilets jaunes qui, dans un centre culturel où j’étais conviée à échanger sur le métier de journaliste, n’avaient pas de mots assez forts pour qualifier l’excellence de son travail de lanceur d’alerte. Ce jour-là, mes interlocuteurs assuraient aussi que les vrais journalistes -entendaient les non vendus- étaient celles et ceux qui n’en vivaient pas mais qui au contraire exercer une activité alimentaire pour financer leurs investigations…

En choisissant de regarder le reportage d’Envoyé spécial et les témoignages de femmes se déclarant victime de Nicolas Hulot, une conversation récurrente me revient. Combien de fois en parlant d’un auteur, comédien, réalisateur…., je me dis en mon fort intérieur « pourvu que je n’apprenne pas des horreurs sur lui. » Parce qu’aujourd’hui, si je me réjouis de voir la parole se libérer -un peu car je connais plein de femmes qui se taisent encore-, mon humanité en prend un coup. Et franchement en ce moment, personne n’a besoin de cela. Pourtant, impossible de refuser de voir et de savoir, juste parce qu’au bout d’un moment, c’est trop; Ca fait mal.

Il me faut donc par moment résister à l’envie de faire l’autruche… Les afghanes, les attaques contre le droit à l’avortement des pays européens, les journalistes sportives qui témoignent…

Hier en prime, les français ont découvert que la Manche tue… Pour ne nous laisser aucune illusion, l’humoriste Guillaume Meurice a donc pris cet évènement comme thème de son micro-trottoir du jour. Et là, il fallait entendre un homme osé dire, je vous résume son analyse de haute volée : « c’est peut-être un problème de cerveau. Ils le voient bien que l’embarcation est trop petite pour monter à autant dedans… » Dans un reportage de Quotidien, un jeune irakien témoignait et affirmait que oui il allait continuer à essayer de passer, car non la mort n’était pas pire que vivre dans ce no man’s land de Calais où lui et ses congénères n’ont pas de vie.

Je n’oublierais jamais mon passage dans la jungle de Calais où, quoi qu’on en dise et quelles que soient les conditions effroyables dans lesquelles ces exilés vivaient, la vie était un minimum organisé. Les tentes contenaient pour certaines des lits, surélevés par des palettes pour tenter de s’isoler du sol. Les migrants pouvaient y conserver des affaires, se regrouper par nationalités certaines fois pour se soutenir. Des repas étaient distribués. Médecins sans frontière étaient présents. il y a avait une église, un centre culturel… Des africains m’ont offert du thé car ils avaient un réchaud et de menus choses pour rendre le quotidien plus supportable. Certains décoraient leurs tentes. Il y avait des panneaux avec des inscriptions. J’ai même vu un portail et une sonnette factice sur l’entrée de l’une d’elles. Depuis le démantèlement, ils risquent toujours leur vie pour traverser mais n’ont même droit à dormir dans leurs tentes qui sont déchirées, arrachées par les forces de l’ordre françaises ! Les bénévoles doivent se démener pour réussir à servir les repas qu’ils préparent. Des distributions d’eau ont même été empêchées au plus fort de l’été.

Bref, il ne me manquait donc que ce numéro d’Envoyé spécial car après les témoignages poignants de ces femmes, un insoutenable reportage sur Madagascar finissait de nous mettre face aux réalités qu’il est si tentant de fuir. Dans cet ile, les enfants meurent de faim et aussi de soif. La sécheresse associée à l’abandon de ces populations conduit un bébé de 7 mois à ne même pas peser le poids de ma fille à la naissance… Les médecins consultés dans des hôpitaux de fortune ne peuvent que faire le constat amer de la malnutrition grave, vu qu’ils n’ont rien à leur offrir. Même les livraisons d’eau sont insuffisantes.

Envoyé spécial « Madagascar »

https://www.francetvinfo.fr/monde/afrique/madagascar/video-madagascar-la-famine-climatique_4857413.html

Voilà notre monde, tel qu’il est aujourd’hui. Un seul des milliardaires du Cac 40 pourrait résoudre les problèmes de l’Ile sans même se ruiner… Pendant ce temps, nous préparons Noël et le Black friday inonde nos ondes, nos boites mails….

https://youtu.be/JLEEA22FvPo

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